Ce fut la douche froide pour les actionnaires de Pernod Ricard (RI). Lors de sa publication de ses résultats annuels 2022/2023, l’un des leaders mondiaux des vins & spiritueux a annoncé des perspectives de croissance pour 2023/2024 assez mitigées. Rien qu’à lire le contenu du communiqué de presse, il y a de quoi s’inquiéter à court-moyen terme.
Même si Pernod Ricard peut se targuer de faire mieux que de son proche concurrent Diageo, l’entreprise française a mis en garde contre un ralentissement de l’activité sur ses deux principaux marchés, les États-Unis et la Chine qui déçoit sur sa reprise d’après-Covid.
Depuis son plus haut historique à 218€ le 25 avril 2023, RI s’est pris une branlée de 18 %. Malheur à celles ou ceux qui ont naïvement acheté proche des sommets. Lorsque je regarde l’évolution graphique du cours de l’action avec des niveaux majeurs enfoncés, je crains que la situation est plus préoccupante.
Beaucoup de questions se posent. Est-ce que cela remet en cause la qualité des fondamentaux de Pernod Ricard ? Faut-il attraper maintenant un couteau qui tombe ? Dirigerions-nous vers une correction majeure pour trouver des points d’entrée à l’achat plus bas que personne n’avait pensé ?
En tout cas, il existe des points inquiétants que Pernod Ricard doit lever rapidement. Allons-y pour tout déballer !
Une croissance des bénéfices moins forte que celle du chiffre d’affaires
Vous allez me dire que je suis assez sévère envers l’une des actions historiques du CAC40. Car oui, Pernod Ricard a réussi à augmenter son chiffre d’affaires de 13%. Par contre, le bénéfice par action ne monte que de 11 %.
L’entreprise n’est pas capable d’améliorer sa profitabilité. Dans le même temps, le ROIC (Rentabilité sur capitaux investis) de 10 % n’affole pas les compteurs, même s’il reste largement supérieur au WACC (Coût moyen pondéré des capitaux) à 5,5 %. Personnellement, je préfère ce ratio de rentabilité largement au-delà des 12 %.
Sur les cinq dernières années, je m’aperçois que le ROIC peine à franchir durablement la barrière des 10 %. Idem pour le ROE (Rentabilité sur capitaux propres) même si ce dernier reste sur une série à deux chiffres. En tout cas, Pernod Ricard est obligée d’investir des capitaux pour conserver ses parts de marché contre Diageo, Davide Campari-Milano ou Brown Forman.
Une hausse de la dette nette/EBITDA conjuguée à une baisse du free cash flow
Le fait que les bénéfices ne montent pas si rapidement que le chiffre d’affaires, n’est pas en soi inquiétant si ça reste momentané. En revanche, constater une hausse de 30 points de base de la dette nette/EBITDA de 2,4 à 2,7 semble être la mauvaise nouvelle qu’il ne fallait pas entendre. Certes, le niveau d’alerte de 5 à ne pas déborder selon les agences de notation reste à bonne distance. Mais dans un contexte d’un environnement de taux élevés, le marché ne pardonne pas.
Pire encore, le free cash flow a broyé du noir avec une contraction de 21 % d’un exercice à l’autre. D’autant que RI prévoit des investissements significatifs en CAPEX entre 800 millions et 1 Md€. C’est à partir de ce point que vous devriez être vigilant sur la solidité du dividende, même si le BPA (Bénéfice par action) couvre largement son versement à l’heure où l’on parle.
Une action assez surévaluée
Ce n’est pas parce que l’action Pernod Ricard pourrait être en zone de survente qu’il faut considérer comme une opportunité à l’achat. Si les incertitudes actuelles devaient s’empirer, cela nourrit le sentiment baissier à vitesse grand V.
Comme les investisseurs institutionnels surveillent leurs points de repères de prédilection, les moyennes mobiles à 200 jours et 50 semaines, force est de constater que les cours sont largement en dessous. Cela ne ressemble pas à des prises de bénéfices, donc à priori à de vraies sorties de positions des investisseurs institutionnels. Ces derniers optent pour la prudence et cherchent d’autres opportunités d’investissement jusqu’à ce que les incertitudes soient en partie levées.
Si je me base sur le modèle de valorisation du DCF (Discounted Cash Flow ou Cash Flow Actualisé) et suppose que Pernod Ricard réalise une croissance du free cash flow de 7 % comme lors des dix dernières années, vous avez une valeur intrinsèque de 153,08€ contre une cours de 179,1€. Qu’est-ce que cela signifie ?
Premièrement, l’action Pernod Ricard est surévaluée. Deuxièmement, le marché estime que le free cash flow pourrait grimper de plus de 7 %. En gros, vous n’obtenez pas la marge de sécurité tant attendue pour acheter des titres à un prix raisonnable.
Où acheter l’action Pernod Ricard ?
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Sur les actions françaises, vous pouvez maintenant investir à partir de 2€ quelque soit le montant. Saxo propose un programme de parrainage en vous offrant 500€ de frais de courtage offert sous certaines conditions. Pour profiter du bonus, vous pouvez vous inscrire en cliquant sur ce lien.
Conclusion
Est-ce l’occasion d’acheter l’action Pernod Ricard ? L’essentiel est de savoir si nous avons affaire à un bear case conjoncturel ou structurel. Sauf erreur stratégique de la part du spécialiste des vins & spiritueux, je privilégie la première option. Si tel est le cas, cela n’enlève en rien à son statut d’action européenne de fond de portefeuille pour préparer au mieux votre retraite.
Mais comme elle se cote au-delà de sa valeur intrinsèque, il vaudrait mieux attendre une dernière dégringolade pour compléter la vague correctrice, et donc une zone d’accumulation à l’achat, non loin de la valeur intrinsèque comme entre les 149 et 162€.
Dernière question que vous devez vous interroger. L’action Pernod Ricard peut-elle bien se comporter si l’inflation venait à être structurellement élevée dans la décennie en cours ? Si on se fie à la première vague d’inflation, elle a pris le bouillon. Mais supposons que nous avons un retour à la hausse, j’ai hâte de voir comment l’action va réagir. D’autant que le rapport pricing power/volume de ventes est limité.
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